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vendredi 14 février 2014

Culture | Prénom mexicain et nom de famille kényan, qui est Lupita Nyong'o ?


Elle était assise aux côtés d' Anna Wintour (rédactrice en chef du Vogue américain) lors du défilé de Calvin Klein à l'occasion de Fashion Week de New-York qui vient de finir, et elle est la nouvelle égérie de Miu-Miu.


Cette jolie femme à la peau ébène n'est autre que l'actrice qui incarne le rôle de Patsey dans le film 12 years a slave de Steve McQueen. Patsey est une jeune esclave dont le propriétaire Edward Epps (Michael Fassbender) est amoureux. Un amour qu'il n'assume pas, et qu'il exprime avec sadisme. L'actrice d'origine Kényane crève l'écran tant elle joue bien la douleur et la résignation. Qu'elle est belle quand elle danse comme si elle était libre. Comme elle est bouleversante quand elle demande à son compagnon d'infortune Solomon (Chiwetel Ejiofor) de lui ôter la vie pour mettre fin à son calvaire.

Son prénom est mexicain car la jeune femme agée de 30 ans est née à Mexico où ses parents étaient en exil à cause de l'activité politique de son père. Elle fait ses premiers pas dans le cinéma comme assistante de production sur The Constant Gardener puis comme actrice dans la minisérie Shuga diffusée sur MTV et réalisatrice d'un documentaire sur 8 albinos au Kénya, In my genes. Patsey est donc son premier rôle majeur sur grand écran et déjà Lupita est une star.


La belle a obtenu le rôle qui a lancé sa carrière alors qu'elle était en compétition avec 1000 actrices lors du casting! Elle a déjà été récompensée lors des Critics Choice Awards et des Screen Actors Guild Awards pour son interprétation dans le film produit par Brad Pitt. Subjugué par Lupita, il souhaite travailler avec elle durant les années à venir. En attendant, on la retrouve au cinéma dès le 26 février aux côtés de Liam Neeson dans Non Stop. Et le 2 mars à la cérémonie des Oscars où on lui souhaite la victoire d'une statuette.

jeudi 13 février 2014

Culture | Yves Saint-Laurent, les films

Donnant la réplique à un Guillaume Gallienne dont la masculinité surprend, Pierre Niney s'est glissé le temps d'un film dans la peau du grand couturier français Yves Saint-Laurent. 



La diction maniérée et les attitudes du prodige sont mimées à merveille. Il apparaît comme un homme fragile ; trop timide pour affronter la presse et trop passionné pour bien se vendre. Alors le business et le marketing seront l'affaire de Pierre Bergé, compagnon aussi autoritaire que protecteur avec le créateur. Ensemble ils partageront une passion pour l'art et bâtiront la maison Yves Saint-Laurent.




Emmenée par deux comédiens de la Comédie Française, l'oeuvre de Jalil Lespert retrace la vie du couturier sans oublier les personnages marquants qui ont inspiré ses créations : Victoire Doutreleau (Charlotte Le Bon) Betty Catroux (Marie de Villepin) et Loulou de la Falaise (Laura Smet).



Une autre biographie cinématographique sur Yves Saint-Laurent est attendue pour octobre 2014 et c'est Gaspard Ulliel qui endossera le rôle principal. On peut espérer une adaptation plus libre pour ce film qui contrairement à celui de Jalil Lespert n'a pas été soutenu par Pierre Bergé, héritier légal du créateur.


Mode | Bambi superstar : pourquoi l'industrie de la mode l'aime tant ?




Après Jean Charles de Castelbajac et Givenchy, c'est autour de Paul & Joe Sister d'exploiter l'image de Bambi dans une collection en collaboration avec Disney. Mais pourquoi le petit animal a t-il autant la cote ?

Bambi sur les podiums

La marque de prêt-à-porter Paul & Joe Sister a présenté à la presse sa collection printemps été 2014 ce jeudi 13 février. En collaboration avec Disney, les créations mettent à l'honneur le faon Bambi et son ami le lapin Pampan. La styliste et fondatrice de la marque Sophie Méchaly assume le coté régressif, elle confie "l'univers des films Disney a fondamentalement marqué ma tendre enfance".

  

Mais elle n'est pas la première à être touchée et inspirée par ce personnage de Disney dans la mode. En 2009, Stella McCartney introduit les personnages et l'univers du dessin animé dans sa campagne automne hiver 2009-2010. "Je suis une grande fan du dessin animé Bambi qui me rappelle ma mère" confie t-elle au magazine WWD.


Puis Jean-Charles de Castelbajac signe l'année suivante une collection à l'effigie du personnage.


Et Ricardo Tisci dessine pour Givenchy une série de création où figure le petit faon en 2013. 


Un personnage attendrissant

"Bambi, l'histoire dans les bois" est le titre original du roman écrit par Félix Salten en 1923. Adapté par Walt Disney, le dessin animé sort un 1942. 
Avec ses amis Fleur et Panpan il explore la forêt, découvre les saisons et s'émerveille de la beauté de la nature. Bambi grandit, s'éprend de la belle biche Féline et fonde sa famille.


Mais l'histoire du faon est surtout marquée par la mort tragique de sa mère, abattue par des chasseurs. On ressent alors une grande injustice face à la cruauté de l'Homme, menace permanente pour les animaux de la forêt.

Bambi est un personnage attachant. Depuis ses premiers pas au début du film, on craque pour le petit animal. Il est curieux, et plein de vie. 


En plus de la valeur affective qu'il véhicule Bambi est un personnage visuellement attractif. Les traits de l'animal sont fins. Bambi séduit grâce à ses longues jambes, son grand regard et son museau affiné. Ses atouts en font une véritable richesse pour l'industrie de la mode. Les stylistes se l'arrachent : Bambi superstar mais attention à l'overdose.

jeudi 6 février 2014

Politique | Nicolas Sarkozy a t- il un avenir politique ?

Si le 1er tour de la présidentielle avait lieu dimanche 21 avril, Nicolas Sarkozy, arriverait en tête avec 30% des voix, selon une enquête Ifop-Fiducial-Europe 1. Si l'impopularité de François Hollande ne fait aucun doute, le terrain est-il pour autant favorable au retour de l'ex-président ?

L'ex-président de la République serait crédité de 30 % des voix si le premier tour de la présidentielle avait lieu ce dimanche. Les résultats de l'enquête Ifop-Fiducial-Europe 1 sont encourageants pour Nicolas Sarkozy qui évoquait début mars son retour en politique.  "Il y aura malheureusement un moment où la question ne sera plus : 'avez-vous envie' mais 'aurez-vous le choix ' (...) Dans ce cas, effectivement, je serai obligé d'y aller. Pas par envie. Par devoir. Uniquement parce qu'il s'agit de la France" confiait- il au magazine Valeurs Actuelles.  Si l'impopularité de François Hollande ne fait aucun doute, le terrain est il pour autant favorable au retour de l'ex-président ?

Nicolas Sarkozy et la Justice
Le point faible de Nicolas Sarkozy, c'est la Justice. Depuis juin 2012, il est un justiciable comme les autres et les affaires dans lesquelles il est mis en cause sont nombreuses. 
Le parquet de Paris a ouvert ce vendredi 19 avril une information judiciaire contre X pour "corruption active et passive", "trafic d'influence", "faux et usage de faux", "abus de biens sociaux", "blanchiment, complicité et recel de ces délits". Des juges vont enquêter sur les accusations concernant le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 lancées par Ziad Takieddine. Selon l'homme d'affaires franco-libanais, le régime lybien de Mouammar Kadhafi aurait été particulièrement généreux avec la France pendant la campagne de Nicolas Sarkozy et après son accession au pouvoir en 2007.
Le 21 mars, Nicolas Sarkozy est mis en examen par Jean-Marc Gentil pour abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt. Le juge d'instruction bordelais le soupconne d'avoir obtenu des sommes importantes d'argent par le biais de Patrice de Maistre, alors gestionnaire de fortune de la milliardaire, afin de financer sa campagne présidentielle. 
L'ancien président est également mis en cause dans l'affaire Karachi. Il aurait contribué au financement illégal de la campagne de François Balladur en1995, alors qu'il était ministre du Budget.
Un juge enquête aussi depuis le début de l'année sur la régularité des contrats conclus, sans appel d'offres, entre l'Elysée et neuf instituts de sondage sous Nicolas Sarkozy.
Enfin, le nom de Nicolas Sarkozy apparait dans l'affaire Tapie-Lagarde. Il aurait eu un rôle dans la décision d'arbitrage donnée par Christine Lagarde en faveur de Bernard Tapie dans l'affaire l'opposant au Crédit Lyonnais.

Nicolas Sarkozy et l' UMP
En plus d'être embêté par ces affaires avec la Justice, Nicolas Sarkozy ne pourra pas bénéficier des conditions qui lui avaient permis d'être désigné d'office candidat de l'UMP en 2007 et 2012. Bien que plebiscité par Brice Hortefeux et autres Nadine Morano, l'ancien candidat naturel de l'UMP devra se plier à l'exercice des primaires. Xavier Bertrand, Nathalie Kosciusko-Morizet, Francois Barroin, Francois Fillon, Jean-Francois Copé ; autant de concurrents que devrait affronter Nicolas Sarkozy en 2016 lors d'élections primaires, s'il se présentait. Son statut honorifique de candidat naturel de l'UMP n'y pourra plus rien.

Nicolas Sarkozy et l'opinion publique 
Malgré ses déboires judiciaires et la concurrence importante au sein de l'UMP, Nicolas Sarkozy reste plebiscité par l'opinion publique. Selon le même sondage Ifop-Fiducial-Europe 1, il est le politique qui a la plus grande cote d'avenir. 46% des personnes interrogées souhaitent qu'il joue à l'avenir un rôle important dans la vie politique française. Et quand la question est posée à des sympathisants UMP, la cote de l'ex-président monte à 79 %, un chiffre qui laisse penser que tout est possible si Nicolas Sarkozy réussi à esquiver la justice. Selon le site du journal Le Parisien, le parquet de Bordeaux envisagerait de requérir un non-lieu à l'égard de Nicolas Sarkozy suite à sa mise en examen pour abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt.
Rédigé le 20 avril 2013 

mercredi 6 mars 2013

Société | Aide alimentaire européenne : L'U.E. menace de geler le plat


Le programme européen d'aide alimentaire risque de disparaître d'ici 2014. Cette aide permet à 18 millions d'européens de ne pas sombrer dans la famine.


Même si les décorations de fin d'année réchauffent l'atmosphère, il fait très frais ce soir-là. Sur le parvis de l'Eglise Saint-Eustache, beaucoup d'hommes et très peu de femmes forment une longue file d'attente. Aucun d'eux n'est là pour prier le bon Dieu, ni pour boire un verre à la terrasse d'un troquet de la rue Montorgueil située à quelques mètres. Une soupe, un plat chaud et un café, voilà ce que viennent chercher ces quelque 220 personnes à la rue du Jour (1e arrondissement).

Comme chaque 1er décembre depuis 1984, l'association La Soupe Saint-Eustache entame sa saison de distribution de repas chauds aux plus démunis devant l'Eglise située en plein cœur de Paris. Après avoir mangé et discuté un peu, chacun repart avec un sachet en plastique vert donné par les bénévoles. Du pain, du chocolat, du paté et un sandwich leur permettront de tenir jusqu' au prochain repas.

La Soupe Saint-Eustache fait partie des structures qui bénéficient indirectement du PEAD (programme européen d'aide alimentaire), cette aide financière à laquelle l'Union Européenne menace de mettre fin d'ici 2014. En France, Les Restos du coeur, la Croix Rouge, Banques alimentaires et le Secours Populaire sont les associations qui reçoivent l'aide financière européenne. A leur tour, Les Banques alimentaires redistribuent leurs denrées à plus de 5100 associations et organismes sociaux dont l'association de la rue du Jour.

Selon Lorenzo, un des bénévoles présents sur le parvis de l'Eglise, les dons provenant des Banques Alimentaires représentent environ 80% des denrées de la Soupe Saint-Eustache. Si le PEAD disparaît, Paul aura donc du souci à se faire... Après avoir perdu son travail et s'être séparé de son amie, ce trentenaire d'origine camerounaise s'est retrouvé "dans un beau merdier". Depuis qu'il vit à l'hôtel, il "jongle pour pouvoir manger au moins un repas par jour".
Pourtant, quand on lui demande s'il sait que l'Union Européenne menace le fonctionnement d'associations telle La Soupe Saint-Eustache, il vous regarde avec des yeux tout ronds. "Moi je veux pouvoir manger un repas chaud chaque soir d'hiver. Ce que font les politiques, ça ne m'intéresse pas". Pour Paul, "les pouvoirs publics n'ont jamais rien fait pour les gens comme [lui]" alors une telle décision de l' Union Européenne "ça ne changera pas grand chose".

Les tergiversations de l' U.E. quant au budget à allouer à l'aide alimentaire sont à mille lieux de la réalité de Paul... du moins, c'est ce qu'il pense. Mais il se pourrait que la réalité budgétaire de l'U.E. et celle de 18 millions d'européens finissent par se croiser si l'Union Européenne décide effectivement de ne pas maintenir le PEAD.

mardi 10 juillet 2012

Société | Pourquoi le stress au travail empêche le sexe au bercail



Une étude parue ce mardi dans Libération révèle l'effet négatif du stress dû à l'activité professionnelle sur la vie sexuelle. Mais pourquoi rentre-t-on à la maison avec les angoisses du travail ?



Axellewa : Une étude parue dans Libération révèle que le stress généré par l'activité professionnelle a un effet néfaste sur la vie sexuelle des travailleurs. Mais en fait qu'est ce que le stress et comment se manifeste t-il ?

Céline Butin-Canis : Le stress se manifeste à la fois par des réactions psychologiques et physiologiques. Lorsqu’on est stressé on a le taux de cortisol qui varie de même que celui de certaines hormones, et notre système immunitaire est également affecté.
Le stress apparaît chez les espèces vivantes pour prévenir la présence d’un danger et nous amener à réagir. Donc le corps est perturbé et cette perturbation est le signe de quelque chose qui ne va pas. Dans notre vie quotidienne, c’est l’intervention d’un problème dans la sphère professionnelle ou personnelle, qui fait que l'on se sent agressé ou en difficulté par rapport à la personne ou la situation rencontrée. Cela a des conséquences physiques qui peuvent affecter les performances sexuelles et la libido, chez l’homme comme chez la femme.
Mais plus que les symptômes du stress, ce sont les causes profondes de ce stress et donc de ses troubles sexuels qu’il faut chercher. L’étude menée par l’Institut de Médecine Environnementale, appelée ESTIME (Etude internationale sur le Stress au Travail-IME) montre que le travail affecte la santé d’une majorité des actifs et que le premier facteur explicatif est ce qu’on appelle un hyper investissement émotionnel au travail. Il se caractérise par un investissement professionnel outre mesure, on en fait toujours trop. Au premier abord on peut avoir l’impression que la personne est passionnée par ce qu’elle fait au travail, car elle se donne à fond. Mais ceci est tellement excessif, que la personne s’épuise et n’est jamais satisfaite de ses résultats même s’ils sont bons ou reconnus comme tels. On s’aperçoit alors qu’il ne s’agit pas d’une vraie motivation qui serait alimentée par la reconnaissance ou les bons résultats, mais plutôt d’une motivation pathologique. C’est comme une obsession, cela s’inscrit dans ce qu’on appelle les tendances addictives.
L’étude ESTIME montre que 40% d’actifs européens sont dans cette situation d’hyper-investissement émotionnel au travail et que par ailleurs, il existe des domaines de leur vie où ils sont sous-investis. Donc non seulement on rentre chez soi épuisé à cause d’une hyper-activité professionnelle mais inversement c’est aussi le symptôme d’un hypo-investissement par ailleurs dans notre vie. Il y a un déséquilibre.

Justement l’acte sexuel est dans nos sociétés un acte de plaisir. Pourquoi la relation sexuelle n’est alors pas perçue par les personnes stressées comme un acte de détente qui leur permettrait de décrocher du travail ?

Pour les personnes qui ne sont pas impliquées dans cette situation effectivement l’acte sexuel est un moment de détente et de plaisir. Mais lorsqu’on est victime du stress et l’hyper-investissement émotionnel, on souffre d’une distorsion cognitive. C’est-à-dire que notre vision des choses est déformée. Tout est synonyme de sur-investissement et de performance ; des performances que l'on ne parvient pas à accomplir car on a des exigences trop importantes.
En fait les personnes soumises au stress donnent tout au travail. Et une une fois rentrées chez elles, elles ne parviennent pas à puiser l’énergie dans leur vie familiale, sentimentale et affective, car leur esprit reste sur leur lieu de travail.
D’autant plus que l’utilisation des smartphones et autres tablettes permet aujourd’hui d’être constamment relié à son activité professionnelle. D’ailleurs il y a de plus en plus de films et séries qui montrent des scènes où un couple a une relation sexuelle et un des deux partenaires entendant son téléphone vibrer, interrompt l’acte pour répondre à un message ou un appel professionnel. Cela devient démentiel. Certaines entreprises coupent désormais les serveurs pour que l’envoi et la réception de mails s’arrêtent à une certaine heure ou durant le week-end et les vacances.

Quels conseils donner aux personnes stressées afin qu'elles retrouvent goût à des activités non professionnelles ?

L’hyper-investissement émotionnel est une dépression inversée. Le dépressif se caractérise par son hypo-activité, tandis que l’autre se trouve dans une hyper-activité car il n’arrive plus à trouver ce qui l’intéresse hormis son travail.
Chacun d’entre nous, qu’il soit manager ou managé a donc la responsabilité d’essayer de changer son regard sur son environnement. Car le stress se caractérise par le regard très personnel que l’on porte sur son environnement, en l’occurrence professionnel.
Tout seul ou dans le cadre d’une discussion de couple il faut donc s’interroger sur ce que l’on aime vraiment dans sa vie et se demander si dans 4 ou 5 ans on regrettera ou pas les priorités que l’on a aujourd’hui.
II faut retrouver dans sa vie personnelle des sujets de passions afin de remettre de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Le temps, l’énergie et l’argent doivent être dépensés de façon équitable dans chaque domaine. Comme en économie, il faut investir de façon judicieuse.
Propos recueillis par Axelle Ewagnignon
Publié sur Atlantico.fr, 25 avril 2012

Politique | Mea culpa d'Eva Joly : Un homme politique doit-il vraiment reconnaître ses faiblesses ?



Lors d'un déplacement mercredi dans le bassin d'Arcachon, Eva Joly a déclaré avoir été "très mauvaise" en ce début de course à la présidentielle. Une bourde de plus ?


Axellewa: En déplacement en Gironde ce mercredi, Eva Joly a déclaré "Quand je vois que le pouvoir d’achat est la première préoccupation des Français et l’écologie la dernière, je me dis que j’ai été très mauvaise et que je n’ai pas réussi à me faire comprendre". Un candidat à la présidentielle peut-il dévoiler ainsi ses défaillances?

Jean-Luc Mano : Il n'y a pas de règle intangible : un candidat peut reconnaître une ou des erreurs, mais Eva Joly reconnaît ici que l'erreur, c'est elle, ce qui est totalement contre-productif. En disant cela elle avoue ne pas savoir pratiquer la politique. Cela ne peut pas donner envie (même aux plus déterminés) de voter pour elle puisqu'elle admet qu'elle n'est pas le bon choix.
Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une certaine cohérence dans la campagne d'Eva Joly : tout est baroque ! Et cela depuis le début : les Verts ont choisi la plus mauvaise candidate possible, qui fait la plus mauvaise campagne possible. De plus, ils ont mis en place la plus mauvaise stratégie qui consistait à appeler les électeurs à voter pour eux afin de constituer un parti de poids. Puis ils ont finalement conclu un accord préalable avec le PS. Ils avaient déjà pris les dividendes avant de faire l'investissement.

En ces temps de crise où les français ont besoin de quelqu'un d'extraordinaire pour venir à bout de leurs préoccupations, est-ce une bonne stratégie de communication politique de se montrer semblable à ses électeurs ?

Le principe de l'élection, c'est qu'on cherche quelqu'un qui n'est pas fondamentalement différent de soi mais mieux que soi : c'est une sélection. On cherche à élire celui qui a les qualités d'engagement, de disponibilité, pour nous représenter, pour parler, etc... que nous n'avons pas. On choisit toujours celui dont on imagine qu'il a des aptitudes supérieures aux nôtres.
Montrer une certaine humanité peut être d'avouer avoir certaines faiblesses, tant que ces dernières ne sont pas constitutives de sa personne. Ce sont en fait des moments de faiblesse qu'il faut avouer. Cela n'enlève en rien le côté extraordinaire du politique.


Dans l'émission des "Paroles et des Actes" diffusée le 6 mars sur France 2, Nicolas Sarkozy est revenu sur les erreurs de son mandat : le Fouquet's, "casse-toi pauv' con", la tentative de nomination de son fils à la tête de l'Epad, etc. Le mea culpa de Nicolas Sarkozy diffère-t-il de celui d'Eva Joly ?

Qu'un politique reconnaisse des erreurs dans son magistère, mandat ou mandat électif, c'est utile et nécessaire. Nicolas Sarkozy l'a fait un peu tard dans la campagne mais il n'avait plus le choix. Quand l'erreur est admise par tous, qu'elle est de notoriété publique, vous ne pouvez plus prétendre au fait que ce n'était pas une erreur au risque d'être accusé d'autisme, de superbe ou d'arrogance.
Dans l'intervention de Nicolas Sarkozy, la subtilité était de dire  "J'ai compris, j'ai appris", ce qui était d'ailleurs la thématique du discours de Villepinte. Il y reconnait des erreurs de comportement qui ont créé du ressentiment contre lui. Il faut donc qu'il casse cette image. Il met ses erreurs à son passif et appuie sur le fait que ce n'est pas un handicap puisqu'il a appris de ses faux pas. En nuançant son propos sur le fait qu'il s'agisse d'erreurs et non de faiblesses, il affirme une certaine force.
Ceci est très différent de la démarche entreprise par Eva joly qui ne parle pas de rectifier le tir. En somme, elle avoue qu'être en campagne est une posture qui ne lui convient pas. C'est comme quelqu'un qui s'engagerait dans le 100m nage libre et qui, une fois sur le plongeoir, avouerait ne pas savoir nager.

"Sur la question de l’insécurité, j’ai pêché par naïveté", c'est la confession qui était faite par Lionel Jospin en 2002 .Y a-t-il des défauts qui sont inavouables en politique ?

Employer le terme de naïveté a été terrible pour Lionel Jospin. On ne peut pas déclarer avoir été naïf sur une question aussi cruciale que l'insécurité. D'autant moins si on ne rectifie pas avec rudesse et une forme de radicalité sa ligne politique. Une fois la faute reconnue, il faut faire comprendre à son public que l'on va être en rupture avec ses anciens comportements, cette notion de rupture est très importante.
Il n'y a rien d'inavouable, la seule chose difficile à gérer est la question des excuses.
Lionel Jospin - encore lui - l'a appris à ses dépens. Lorsque dans cette même campagne, il a décrit son concurrent Jacques Chirac comme "vieilli, usé, fatigué ", il a commis une faute de campagne qui l'a contraint à présenter des excuses. Ce moment fut un moment de bascule dans la campagne qui l'a mis en difficulté.

Les détracteurs sont toujours présents pour relever les erreurs des uns et des autres. Est-ce alors au politique de faire son autocritique ?

Les Français se demandent : " le politique qui a commis une erreur que tout le monde a vu, sait-il aussi qu'il a commis une faute ?" On en vient à juger de la lucidité que le politique a sur lui-même.
Si on prend l'exemple de Nicolas Sarkozy, beaucoup de gens, avant d'aller voter pour lui, ont besoin de savoir si traiter quelqu'un de "pauv' con" représente pour lui la fonction présidentielle.
Après ses déclarations en off sur Jacques Chirac, Lionel Jospin s'est perdu en excuses et auto-flagellation, déclarant que ces propos ne lui ressemblaient pas, etc. L'auto-flagellation ne sert à rien. D'autant plus que les gens ne croient pas le politique sur parole et ont besoin de voir la transformation qui suit. En réalité, c'est la séquence qui suit l'erreur qui est importante.

Les excuses publiques sont-elles une nouveauté en politique ?

En effet, ce phénomène est très récent et deux raisons l'expliquent.
Il y a aujourd'hui des moyens de diffusion des interventions politiques qui sont démultipliés. Ainsi une erreur devient automatiquement une erreur publique. Le "casse toi pauv' con" de Nicolas Sarkozy a été vu des millions de fois à la télévision, sur internet, etc...alors qu'il y a trente ans, il n'aurait pas été vu du tout puisque les chaines de télé n'auraient pas diffusé cette séquence.
De plus, les temps changent, nous ne sommes plus dans les années 80 où l'on magnifiait uniquement les hommes forts, les yuppies, les gens comme Bernard Tapie qui gagnaient beaucoup d'argent. Nous ne sommes plus dans la logique du gagnant absolu et cela même en dehors de la politique. Aujourd'hui, les électeurs recherchent un candidat qui présente une forme d'humanité, c'est-à-dire un peu de fragilité, mais en même temps beaucoup de robustesse. Mais surtout, ce candidat ne doit présenter aucun signe de faiblesse.
Propos recueillis par Axelle Ewagnignon
Publié sur Atlantico.fr, 30 mars 2012